Jeune candidate lisant à la demi-finale régionale AURA des Petits champions de la lecture 2024

Les jeunes et la lecture en 2025 : entre mutations, défis et espoirs

Publié le 30 mai 2025 par Charles-Henry de la Londe

Publiés début 2025, les résultats croisés de la 6e édition du baromètre « Les Français et la lecture », réalisé par le Centre national du livre (CNL), en partenariat avec Ipsos, et de l’enquête « Les jeunes et la lecture : une relation en mutation ? », publiée par le ministère de la Culture, révèlent quelques enseignements nuancés, au-delà des constats manichéens. La lecture reste une activité pratiquée par les jeunes de 15 à 24 ans, mais elle évolue : recul du livre imprimé, montée du numérique, usages fragmentés. Le plaisir de lire persiste, mais se heurte à la concurrence des écrans. La socialisation autour de la lecture s’affaiblit, notamment en dehors du cadre scolaire.

Une pratique encore vivace, mais en déclin

51 % des 15-24 ans se déclarent lecteurs réguliers – un taux stable, contrastant avec la baisse observée chez les 35-64 ans (passée de 59 % à 51 % en six ans). Toutefois, cette stabilité masque une réalité préoccupante : la proportion de jeunes lisant plus de cinq livres par an chute de 7 points en un an. En moyenne, cette classe d’âge lit 21 livres par an, soit 8 de moins qu’en 2023.

L’étude ministérielle de 2018 relevait, à titre comparatif, que 88 % des 15-19 ans lisaient au moins un livre par an, mais seuls 35 % déclaraient le faire souvent, une tendance confirmée et amplifiée aujourd’hui.

« La lecture agrandit l’âme. »

Voltaire

Une diversité de lectures en hausse : le pluralisme des goûts

Les jeunes se distinguent par une grande curiosité littéraire : ils explorent en moyenne 6,8 genres différents (contre 5,9 tous âges confondus). Le manga reste majoritaire : 51 % des moins de 19 ans en lisent régulièrement, tandis que 47 % des 15-19 ans plébiscitent les romans sentimentaux. La Dark Romance, quant à elle, séduit 27 % de cette tranche d’âge, contre seulement 6 % des 35-49 ans.

« Je n’ai jamais eu de chagrin qu’une heure de lecture n’ait dissipé. »

Montesquieu

Écrans et lecture : frères ennemis ?

Le numérique redessine les contours de la lecture quotidienne : les jeunes lisent 10 fois moins sur papier qu’ils ne consultent les écrans, respectivement 28 minutes par jour en moyenne, contre 5 heures passées sur les écrans. Toutefois, 75 % des 15-19 ans ont eu envie de lire un livre après en avoir vu l’adaptation (film, BD), et 91 % des 15-24 ans ont acheté un ouvrage découvert en ligne.

Ils sont aussi les plus grands consommateurs de livres audio : 58 % d’entre eux y ont recours, un chiffre supérieur de 20 points à celui des 25-34 ans. Cette porosité entre formats interroge les catégories traditionnelles de lecture.

« Lire, c’est boire et manger. L’esprit qui ne lit pas maigrit comme le corps qui ne mange pas. »

Victor Hugo

Pour une lecture vivante, ancrée dans le quotidien des jeunes

La baisse de la lecture chez les jeunes doit-elle appeler un constat d’échec ou bien susciter un appel à l’action ? Relier les récits, les supports et les pratiques, c’est permettre aux adolescents de retrouver le goût et le pouvoir des mots. Les initiatives menées ou soutenues par la Fondation Voltaire (comme le concours francophone des Mots en Or pour les 11-16 ans ou les Petits champions de la lecture pour les 9-10 ans) espèrent y contribuer.

« On ne naît pas lecteur, on le devient. »

Daniel Pennac